Peut-on travailler dans la Recherche Clinique sans formation spécifique ?
Quelques éléments de réponses avec notre entretien
Peux-tu nous décrire ton parcours de formation ?
J’ai fait un DEA[1] et une thèse en STAPS[2]. Mes travaux portaient sur l’étude des mécanismes qui sous-tendent la production de mouvements coordonnés. J’ai obtenu mon diplôme de doctorat en 2006, à l’Université d’Aix-Marseille II.
Et qu’en est-il de ton parcours professionnel ?
J’ai commencé par donner des cours à la fac de STAPS, à partir de mon DEA. Puis, j’ai combiné des activités de recherche à la dispensation de cours, sous le statut ATER[3] à Toulouse. En 2008, j’ai pris un poste de chercheur post-doc au CNRS[4] à Poitiers. Je m’intéressais aux thématiques de motricité, d’apprentissage et de cognition. Je suis également parti au Texas pendant 3 mois, en tant que chercheur invité. En 2010, je suis retourné dans le Sud, pour un post-doc d’un an et demi. Puis, j’ai initié un nouveau projet en psychiatrie, au CHU de Montpellier, projet pour lequel j’avais obtenu un financement européen FP7 de 3,8 M€. J’ai alors alterné des postes d’ingénieur de recherche et de chercheur. L’ingénieur résout des questions davantage matérielles et méthodologiques, il est l’expert technique, tandis que le chercheur a une approche plus globale du projet, et se penche aussi bien sur la revue de la littérature que sur la rédaction de demandes de financements, de protocoles, la réalisation expérimentale et la valorisation scientifique. Enfin, en 2019, j’ai rejoint l’équipe de Mooven, en tant que Responsable Innovation, R&D et Données !
Pourrais-tu nous en dire un peu plus sur ton métier ?
Je vais commencer par brièvement présenter Mooven. La société existe depuis 10 ans et a pour ambition de promouvoir la santé par le mouvement et les solutions d’interventions non-médicamenteuses (INM). Elle a été créée sous l’impulsion d’une chercheuse en Activités Physiques Adaptées, Aline Herbinet, qui a introduit des séances d’activités physiques par visioconférence pour les enfants atteints d’un cancer et hospitalisés. S’en sont ensuivis le développement d’un outil de maintien de l’activité physique à domicile et la création d’une plateforme d’hébergement de données de santé. Puis, plus récemment, j’ai contribué à la création de la CRO CTIsuccess, qui accompagne les professionnels de la recherche clinique non médicamenteuse (par exemple, la kinésithérapie, la psychothérapie, la diététique ou l’activité physique adaptée).
Au sein de Mooven, j’ai 6 « grandes » activités :
- Business Development: Rendez-vous avec des prospects et des clients, par exemple des CHU qui veulent mettre en place des essais cliniques ;
- Data : Biostatistiques et gestion de la base de données, R&D associée à la donnée, etc. ;
- Innovation : Recherche de subventions (rédaction de projets), définition et réalisation de la stratégie d’innovation de l’entreprise ;
- R&D pour les clients ;
- Formation: Formation interne des collaborateurs (BPC[5], outils internes), accompagnement pour la montée en compétences ;
- Qualité: gestion des procédures en lien avec la CRO et vérification de la conformité vis-à-vis de la règlementation, développement des outils, rehaussement du système de management de la qualité dans un objectif de certification.
Connaissais-tu bien ce métier avant ta prise de fonction ?
Oui je connaissais bien ce métier, mais je ne savais pas qu’il se nommait ainsi ! En plus de mes expériences professionnelles, je me suis moi-même formé à la recherche clinique, notamment grâce à la plateforme d’eLearning développée par l’Université d’Oxford « Global Health Training Standard[6] ». D’ailleurs, j’encourage aujourd’hui tous mes collaborateurs à suivre ces cours !
Je me suis moi-même formé à la recherche clinique, notamment grâce à la plateforme d’eLearning développée par l’Université d’Oxford « Global Health Training Standard[6] ». D’ailleurs, j’encourage aujourd’hui tous mes collaborateurs à suivre ces cours !
A ce propos, lors de ta recherche d’emploi as-tu facilement eu accès aux informations concernant la recherche clinique ?
Non, pas vraiment. Le terme « CRO » et les métiers s’y rattachant ne sont pas toujours connus dans le milieu de la recherche académique, les CHU, … Un vrai travail d’information reste à développer. Je suis déjà intervenu par exemple auprès des Licences (STAPS, psychologie, etc.) pour leur expliquer ce qu’est une CRO et quels métiers on peut exercer au sein d’une telle entité. La CRO n’intervient pas que dans le domaine du Médicament et emploie divers types de profils, complémentaires des profils médicaux.
A ton avis, quelles compétences t’ont permis d’intégrer la recherche clinique ?
La curiosité, la motivation pour le travail, la capacité de synthèse, mais aussi savoir écouter les autres ! Et, évidemment, mes précédentes expériences professionnelles et mes compétences transversales des métiers scientifiques.
Lors de ton intégration dans ton entreprise, as-tu suivi une formation interne ?
Non, j’ai créé le parcours de formation de mes collaborateurs et co-construit, avec eux, les process de la CRO en fonction de nos besoins clients !
Quels sont tes souhaits d’évolution ?
Je souhaite continuer à développer notre CRO, notamment dans une démarche de certification ISO. J’aimerais aussi structurer progressivement mon équipe, la manager puis me concentrer davantage sur des activités de medical writing.
Penses-tu que l’absence de formation initiale en recherche clinique soit pénalisante pour ton futur parcours professionnel ?
Oui, sur un CV « brut » en candidature spontanée, ces formations restent une première grille de lecture. Si on ne prend pas le temps de discuter avec toi, la valorisation de l’expérience et des compétences acquises n’est pas évidente. De plus, les formations initiales en recherche clinique permettent de construire un réseau, et donc de s’ouvrir à davantage d’opportunités.
De quoi es-tu le plus fier dans ton parcours ?
Je suis fier de mon opiniâtreté, j’ai enchaîné 36 CDD avant de signer mon premier CDI il y a 2 ans ! J’ai persévéré et suis toujours allé de l’avant, tout en construisant ma vie de famille. Je suis également fier du projet pour lequel j’ai obtenu le financement européen, c’est ma plus belle réussite professionnelle, pour l’instant !
Quels conseils donnerais-tu à un jeune professionnel souhaitant intégrer le domaine de la recherche clinique ?
Je lui conseillerais l’échange, il faut discuter avec les professeurs, les étudiants, aller chercher l’information et, si possible, trouver un mentor, s’entourer. Il est également important de toujours se remettre en question pour monter en compétences, avoir de l’ambition, se former, se challenger ! Et, surtout, être curieux de tout, peu importe le métier choisi !
[1] Diplôme d’Etudes Approfondies (remplacé par le Master en 2005)
[2] Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives
[3] Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche
[4] Centre National de la Recherche Scientifique
[5] Bonnes Pratiques Cliniques
[6] Cours gratuits non diplômants
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